INSOLITE

Au programme d’une soirée prévue à Genève: champagne, petits-fours et Botox. Les médecins n’en pensent pas que du bien.

Ce sera une première suisse qui aura lieu le 28 juillet à l’Hôtel Kempinski de Genève. Quelle première? Une soirée Botox. En deux mots, vous paierez 130 francs pour boire, manger et danser. Et, si vous le souhaitez et mettez la main au porte-monnaie, vous vous ferez botoxer pour atténuer vos rides.

Organisatrice de la soirée, Tatiana Knoll, de la société CamberwellB, explique que de telles soirées sont courantes aux Etats-Unis ou en Angleterre. «En Suisse, les gens sont peut-être moins ouverts à de nouveaux concepts.» Malgré tout, elle espère accueillir une centaine de personnes.

Mais, précise-t-elle, une dizaine seulement devrait recevoir des injections de Botox. Par qui? «Un médecin connu de Genève sera là. Il aura un espace à lui et le nécessaire pour travailler dans les mêmes conditions que dans une clinique», affirme Tatiana Knoll.

Qui est ce médecin? Là, c’est silence radio. «Il y a pas mal de concurrence entre praticiens. Il préfère donc rester discret.» Et s’il n’assumait tout simplement pas le fait d’avoir une approche ultracommerciale de son métier? «Non, non, ce n’est pas ça», assure-t-elle.

Quoi qu’il en soit, les praticiens que nous avons contactés ne sont pas fans de ce type de soirées. «C’est mettre notre savoir-faire, notre expertise, la médecine à un niveau bien bas, estime le Dr Luigi Polla, dermatologue et spécialiste des injections à but esthétique, à Genève. Je suis fan du Botox, moins du fait de draguer des clients dans une soirée. C’est à eux de venir à vous.»

A Montreux, la doctoresse Eleonora Gambillara, spécialiste en dermatologie et en allergologie, trouve le concept des soirées Botox «étrange». «Une injection de Botox, ce n’est pas une intervention anodine. Il faut prendre le temps d’expliquer au client ce que ça représente. J’ai du mal à imaginer que le médecin présent à la soirée prendra 30 à 40 minutes avec chaque client.»

«J’en pense du mal»

Le Dr Jean-François Emeri, à Lausanne, est le plus sévère de nos interlocuteurs: «Je ne pense que du mal de ce genre de soirées. Un acte médical pratiqué entre le champagne et les petits-fours, ça me semble inadapté. Et pourquoi le médecin présent refuse-t-il de donner son nom? Cela sème le doute.»

Peu inspirés par cet événement, nos trois praticiens précisent néanmoins que chacun est libre de faire ce que bon lui semble. Dès lors, un conseil à celui qui serait tenté de s’inscrire à cette soirée: qu’il passe à la banque avant. L’injection revient à quelque 600 francs.

Source : Le Matin.ch