ESPAGNE maltraitance animaux + divers

Image: Philippe Meulle/Le Progrès

Razzia sur les champignons

Les bandes roumaines qui pillent les forêts du Jura français donnent la chair de poule aux champignonneurs suisses.

Plus d’une demi-tonne de champignons (550 kilos),c’est la prise record effectuée jeudi dans le Jura français. Et ce n’est que la dernière d’une longue série. C’est en bandes que les cueilleurs roumains, bulgares et espagnols écument les forêts de France voisine pour approvisionner des conserveries espagnoles.

Une razzia qui donne la chair de poule aux champignonneurs suisses. «Nous ne sommes heureusement pas confrontés à ce phénomène côté suisse», relève le garde-faune jurassien Jean-Claude Schaller.

Les risques de voir les cueilleurs roumains dans les forêts suisses sont minimes. Pour l’instant, ce sont plutôt les champignonneurs suisses qui vont cueillir des bolets ou des trompettes dans les forêts françaises et allemandes.

Le problème est en revanche sérieux chez nos voisins. «C’est par camionnettes que les cueilleurs débarquent tous les jours dans nos forêts», constate le garde-faune français Luc Koch-Malblanc. Les cageots empilés sous des branchages sont embarqués le soir dans des camions frigorifiques, et filent en Espagne. Les lactaires découverts jeudi ont été détruits, rapporte Le Progrès. «C’est la règle avec des denrées périssables», justifie une employée de l’Office national des forêts.

Les convois ne semblent pas transiter par la Suisse, où la vente privée de champignons est interdite sans patente: «Nous n’avons pas intercepté de chargements de champignons», confirme un douanier de Vallorbe (VD). Ce qui étonne, dans les razzias roumaines, c’est que les cueilleurs ne visent qu’un champignon: le lactaire sanguin.

Et pas bon en cuisine !

«Contrairement à la variété méridionale qui pousse dans les pinèdes, les lactaires sous nos sapins et nos épicéas ne sont pas bons, et leur préparation est longue et fastidieuse», assène Jean-Martin Ducommun, président de l’Association suisse des organes officiels de contrôle des champignons (Vapko).

Le lactaire cueilli en France voisine étant dépourvu de valeur culinaire ou hallucinogène, le garde-faune Luc Koch-Malblanc soupçonne les cueilleurs roumains de faire passer des lactaires «détestables» pour des «délicieux».

Quoi qu’il en soit, «ces pillages sont irrespectueux. Le but d’une cueillette, c’est de se faire plaisir», souligne le champignonneur jurassien Félicien Corbat, contrôleur officiel.

Tant que les razzias visent les lactaires, il garde le sourire: «Je n’en mange pas.» Hier aux Franches-Montagnes, ce champignonneur cherchait plutôt des chanterelles ou des bolets. Et pas plus de 2 kilos par jour: c’est la limite légale dans le Jura (suisse) comme à Genève, à Fribourg et à Berne. «En laisser aux autres, c’est une question d’éthique», conclut Félicien Corbat.

Le Matin (ch)

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